Réflexions sur l’existence et sur le sens de la création, les travaux de Michel Campeau jalonnent les cinq dernières décennies de la photographie contemporaine. Sans cesse renouvelées et inscrites dans une intériorité en rupture avec les strictes conventions documentaires, ses œuvres expérimentent les dimensions subjectives, sérielles et ontologiques de la photographie. Ses ouvrages approfondissent l'héritage esthétique et conceptuel légué par l’obsolescence et la culture matérielle de la photographique analogique. Au fil de leur évolution, ses travaux ont rassemblé une oeuvre pluridimensionnelle, puisant dans la sociologie, l’anthropologie, l’autobiographie, la (socio)biographie, l’intime et le collectif, proche parfois de «l'écriture» photographique journalière. Ses recherches prolongent sous divers angles esthétiques et conceptuels, son questionnement sur le sens et les enjeux des photographies, des livres et des archives, au fondement même de ses actes artistiques. La diffusion de l'expositon Michel Campeau. Avant le numérique produite par le Musée McCord à Montréal confirme son rayonnement sur la scène nationale et internationale et fait la preuve de la singularité de ses recherches dans le cours des discussions sur l’historicité de la photographie. Car, tout précurseurs que furent ses photographies des chambres noires, ses travaux rejoignent aujourd'hui le terreau fertile de nombreux artistes internationaux, dont la réflexion soulève des questionnements théoriques similaires. En 1994, Michel Campeau a remporté le Prix international de la photographie d’Higashikawa au Japon. Le survol rétrospectif Les images volubiles —Travaux photographiques, 1971-1996 a été organisé par le Musée canadien de la photographie contemporaine. Ses photographies des chambres noires ont été vues dans l’exposition New Typologies, lors du New York Photo Festival— The Future of Contemporary Photography, à Brooklyn en mai 2008, et près d’une quarantaine de photographies des laboratoires ont circulé en Europe après leur présentation aux Rencontres d’Arles en 2010. En 2007, la monographie Darkroom a été le premier ouvrage publié dans la collection Parr/Nazraeli Press et ses photographies ont fait l’objet d’un dossier dans la revue new-yorkaise Aperture. Un album de photographies vernaculaires, fruit de ses recherches, a été publié en 2011 dans la collection « in almost every picture », chez KesselsKramer Publishing, aux Pays-Bas. Parmi ses accomplissements récents, outre l'exposition synthèse du Musée McCord, soulignons la publication Rudolph Edse. Une autobiographie involontaire en co-édition avec les Éditions Loco à Paris et le Musée McCord à Montréal et la maquette monographique The Donkey that Became a Zebra: Histoires de chambre noire, nominée au Luma Rencontres Dummy Book Awards Arles 2015. En 2016, ses oeuvres ont été vues dans l’exposition Qu’est-ce que la photographie ? au Centre Pompidou. En 2013, ses travaux ont été montrés au Musée des beaux-arts de Montréal et au Musée des beaux-arts du Canada. Maintes fois récipiendaire de bourses de recherche et de création, Michel Campeau a reçu la Bourse de carrière Jean-Paul Riopelle octroyée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, en 2009, et il a été le lauréat du Prix du duc et de la duchesse d’York, remis en 2010 par le Conseil des arts du Canada. Son travail est le sujet de plusieurs ouvrages monographiques et d’articles. L’artiste est représenté par la Galerie Simon Blais à Montréal et la Galerie Éric Dupont à Paris, et ses œuvres font partie de nombreuses collections, tant au Canada qu’à l’international. Michel Campeau est né en 1948. Il vit et travaille à Montréal, Québec, Canada.
BIBLIOGRAPHIE
Rudolph Edse. Une autobiographie involontaire
Les Éditions Loco, Paris, et le Musée McCord, Montréal, 2018
Photogénie et obsolescence de la chambre noire argentique
Kehrer Verlag, Heidelberg, Allemagne, 2013.
in almost every picture #10
KesselsKramer Publishing, Amsterdam, Pays-Bas, juillet 2011
DARKROOM
# 1 of 10, Parr/Nazraeli Press, Portland, Oregon, 2007.
Territoires et paysages métaphysiques, 2001-2004
Les 400 coups, Montréal, 2006.
Arborescences. Beauté et paradoxes
Plein sud, Centre d’exposition en art actuel à Longueuil, Québec, 2004.
... si je mens, j’irai en enfer!
Les 400 coups, Montréal, 1997
Michel Campeau – Les images volubiles – Travaux photographiques, 1971-1996
Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa, 1996.
Éclipses et Labyrinthes
Galerie Séquence, Chicoutimi, Québec, 1993.
Les tremblements du cœur
Centre VU, Ville de Québec, et Éditions Saint-Martin, Montréal, 1988.
Collection Équivalences
Disraeli. Une expérience humaine en photographie
Les Publications de l’imagerie populaire, Montréal, 1972
[Édition originale épuisée]